Créée à l’occasion du Festival du Patrimoine de Pondichéry en février 2018, l’exposition met en lumière un versant peu connu de l’histoire coloniale française : un siècle de migrations de Pondichériens en Indochine entre 1858 et 1954. C’est une histoire aux marges de ce vaste Empire, de part et d’autre du golfe du Bengale, où la colonisation de deux territoires par la France fait converger des populations qui entretenaient, déjà auparavant, des relations maritimes millénaires. Pondichéry, la « vieille colonie » du XVIIIème siècle, participe au renouveau des conquêtes coloniales françaises menée au XIXème siècle en direction de l’Asie extrême-orientale. À partir de 1858, une partie de sa population s’établit et travaille en Indochine, dans tous les domaines de ce nouveau territoire de la France d’outre-mer. En plus de profiter d’une relative proximité géographique, les habitants des comptoirs de l’Inde représentent, pour l’État colonial, une population disponible, formée et imprégnée de culture française, capable d’occuper des postes dans l’administration et dans les entreprises de la colonie. Pour les Pondichériens, l’Indochine assure des débouchés professionnels et des opportunités commerciales que leur territoire, exigu et entouré par l’Inde britannique, ne peut leur dispenser. La trajectoire des Indiens français en Indochine, la définition mouvante de
leur citoyenneté et les revendications d’une égalité de droits donnent l’occasion d’interroger les fonctionnements d’une société coloniale clivée au tournant du XXème siècle.
À l’heure où la ville de Pondichéry garde encore quelques traces visibles de ce passé, les témoins sont de moins en moins nombreux à pouvoir leur rattacher des histoires vécues. Selon l’expression de Walter Benjamin, l’exposition propose un « sauvetage » partiel et subjectif des connexions historiques entre Pondichéry et l’Indochine française. Elle compile les recherches académiques de l’historienne Natasha Pairaudeau et les témoignages recueillis auprès des habitants de Pondichéry, de Paris ou d’ailleurs, dont les ancêtres indiens ont vécu en Indochine, les actuels Vietnam, Cambodge et Laos.
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